3. Eugénisme et transhumanisme : une proche réalité ?
En poussant encore plus loin ces réflexions sur la nature de l’Homme, certains voient dans la thérapie génique le moyen de modifier son identité et pourquoi pas d’améliorer la race humaine : on parle de transhumanisme et d’eugénisme.
Depuis toujours, l'Homme cherche à se surpasser et à améliorer ses capacités. Ainsi, Icare réalise le rêve de milliers d'Hommes : voler. Trop ambitieux, le jeune homme vole trop près du soleil, brûle ses ailes et tombe. Ce mythe montre bien qu’augmenter ses capacités en violant les lois de la Nature est dangereux. Pourtant, l’Homme augmenté demeure encore aujourd’hui un sujet de réflexions pour les scientifiques comme les philosophes.
"La chute d'Icare", de Carlo Saraceni, peint entre 1600 et 1607
Le transhumanisme, mouvement culturel et intellectuel international datant des années 50, vise à améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains, grâce à des modifications tant techniques que scientifiques améliorant ses performances. De nos jours, de nouvelles thérapeutiques comme la thérapie génique permettent déjà de « réparer » l’Homme, en luttant contre des maladies et même plus, si l’on se réfère à la thérapie génique germinale. Le transhumanisme est notamment encouragé par la société Google qui a récemment engagé l’ingénieur et chercheur américain Ray Kurzweil, pour faire du moteur de recherche la première intelligence artificielle de l’histoire. Ce scientifique spécialiste du transhumanisme parraine, avec Google, la Singularity University qui forme les spécialistes des NBIC : Nanotechnologies, Biologie, Informatique et Sciences Cognitives (intelligence artificielle et sciences du cerveau). Leur objectif serait, dans quelques dizaines d’années, de faire reculer la mort de façon spectaculaire. L’évolution de ce projet inquiète beaucoup, car le champ d’utilisation de ces découvertes demeure très incertain et pourrait engendrer des bouleversements sociétaux sans précédents.
Caricature de l'évolution de l'Homme
L’eugénisme désigne les pratiques (morales, sociales) mais aussi les recherches (biologiques, génétiques) ayant pour but d’améliorer la race humaine en définissant les meilleurs conditions pour créer des sujets « sains ».
L’idéologie nazie est souvent citée en exemple d'eugénisme. En effet, en vue de créer une population allemande composée d'Aryens, blonds aux yeux bleus, les Nazis ont réalisé de nombreuses expériences sur les détenus des camps de concentration et ont également encadré leur population au moyen de nombreuses lois pour « préserver la pureté de la race aryenne ».
Aujourd’hui, la thérapie génique pourrait également donner lieu à une sélection des individus sur la base de critères et de données génétiques. Si le cadre légal entourant les pratiques de thérapie génique n’était pas si strict, les parents pourraient choisir toutes les caractéristiques génétiques de leur futur enfant. Ils pourraient ainsi corriger des défauts invalidants, mais aussi des défauts jugés « disgracieux ». Notons que ces pratiques sont déjà autorisées dans certains cas précis. Ainsi grâce aux échographies, les médecins ont la possibilité de découvrir non seulement le sexe du fœtus, mais aussi s'il présente des symptômes de maladies. Par exemple, les trisomies 21 dépistées engendrent souvent des avortements.
Une nouvelle façon de concevoir les enfants?
Eugénisme et transhumanisme pourraient réduire considérablement la biodiversité génétique humaine et même conduire à la création de super-humains ou de clones. C’est l’une des raisons pour laquelle la thérapie génique suscite tant de controverses.
Cependant et d’un commun accord, tous les pays se sont accordés pour poser un frein aux recherches en interdisant la thérapie génique germinale, afin de préserver la nature de l’Homme et ses imperfections, pour les transmettre aux générations futures.


