2. La thérapie génique : un débat philosophique
Depuis la seconde moitié du XXème siècle, la révolution génétique et le développement de nouvelles thérapeutiques innovantes comme la thérapie génique ont non seulement engendré des bouleversements sociétaux (place et droits du malade dans nos sociétés…), mais aussi changé la perception que nous avions de la nature de l’être humain. Une nouvelle vision de l’humanité, de l’identité de l’être humain est née de toutes ces découvertes majeures et ont modifié notre conception de l’individu.
Qu’est-ce qui fait d’un Homme un être humain ? Qu’est-ce qui différencie l’Homme de l’animal ? Quel est le propre de l’humain ? Autant de questions philosophiques que nous nous posons depuis des siècles. Revenons brièvement sur ces réflexions qui ont ponctué notre histoire.
Montaigne, au XVIème siècle, tente de définir le propre de l'homme par l’écriture de soi. Dans ses Essais, il évoque l’idée d’un passage afin de définir l’Homme. Selon lui, le monde en perpétuel mouvement change tout le temps et l'Homme avec, malgré lui. L'existence d'un être n'est que temporelle par rapport à la durée de vie de notre monde.
Au XVIIIème siècle, Rousseau poursuit ces réflexions dans Les Confessions, première autobiographie, dans laquelle il se sert de sa vie pour tenter de définir l'Homme et son identité.
Michel de Montaigne (1533-1592) Jean-Jacques Rousseau (1712-1718)
Au XVIIème siècle, d'autres philosophes tentent de réfléchir sur ce qu'est l'individu et le « moi », dans des écrits plus théoriques. Selon Pascal, dans Les Pensées, le « moi » ne peut être réduit au corps, ni aux émotions, ni à la raison. La Rochefoucauld et La Bruyère cherchent à saisir la nature profonde de l’Homme à travers des descriptions parfois critiques, regroupées dans les Maximes et dans les Caractères.
Cette notion d'Homme reste complexe, même pour ceux qui y réfléchissent longuement. Mais donc qu'est-ce qui fait d'un homme ce qu'il est, son individualité et aussi sa ressemblance avec son prochain ?
La révolution génétique au XXème siècle permet enfin de comprendre comment les caractères peuvent se transmettre de génération en génération et ce qui rend un individu unique. Au fil des avancées scientifiques, une conviction s’impose : c’est aussi son génome qui définit l’être humain.
Certains auteurs, notamment dans la seconde moitié du XXème siècle, tentent de s’affranchir de cette idée de prédestination liée à l’hérédité et cherchent un sens à leur existence. De nouveaux mouvements littéraires émergent alors, tels que l’Existentialisme et l’Absurde. Dans Enfance, Nathalie Sarraute réfléchit sur la multiplicité de l’individu. Les auteurs surréalistes et notamment André Breton mettent en avant l’importance de l’inconscient chez un individu. Sartre pousse encore plus loin cette réflexion dans L’Etre et le Néant en définissant la conscience et en rejetant l’idée selon laquelle il existerait une « nature humaine » et un « caractère » propre à la race humaine.


